Comme des chiens...

Le 13 avril, une forte délégation de pensionnés des mines est allée avec la CGT à la CARMI (SSM) de Metz pour essayer d'y être reçue et écoutée au sujet de la remise en cause des acquis miniers, de l'article 2.2b et pour dire encore et toujours la volonté des mineurs de preserver notre SSM.

Ils étaient dignes. Des anciens mineurs et veuves de mineurs, des gens corrects, âgés souvent et qui se mobilisent encore pour leurs droits qui sont aussi les nôtres. Plus qu'un long discours, on lira ci-dessous le courrier de notre Secrétaire Général de la fédération CGT qui décrit et commente la réception lamentable et écoeurante qui a été faite à ces personnes qui ont donné leur vie à la Mine.

Le mépris, le dédain et l'injure faite à ces gens par des personnages qui doivent leur place et leur juteux salaire à notre lutte constante pour la défense du Règime Minier sont écoeurants!.

Ce comportement méprisable n'est pas anecdotique même si quelques imbéciles s'en amusent ci où là.

Il traduit la main mise de sur notre protection sociale de quelques parvenus dont seul, le combat de tous, unitaire et résolu, permettra de les voir un jour débarquer.

Lettre de Jean Markun Secrétaire CGT de la fédération Régionale des Mineurs au Directeur de la CARMI Est.

Monsieur le Directeur Général,

 Quand nous avons posé la question à M. C..... sur les raisons qui ont motivé la fermeture des portes de la CARMI, la façon de filtrer la délégation (« processus carcéral » de circulation), la présence de vigiles à l’extérieur, à l’intérieur, d’un vigile avec un chien « berger allemand » ; notre interlocuteur nous a répondu qu’il s’agissait d’éviter que certains manifestants âgés ne soient pris de malaises à l’intérieur du bâtiment s’ils s’y installaient, situation qui engagerait alors la responsabilité de la Direction Générale ! Étonnante réponse !!

 En tenant compte de ce prétexte, vous avez décidé de « déplacer le problème »… et de l’aggraver ! Toutes ces personnes âgées sont alors restées debout durant 2 h, dans la rue et dans le froid, dans une situation bien pire que celle qui leur aurait permis de s’asseoir à l’intérieur de la CARMI sur les escaliers et d’être au chaud. À l’extérieur dans ce froid, ces personnes pouvaient être prises de malaise, mais ce n’était plus votre affaire !?

 Très étonnante « préoccupation humanitaire » pour une Direction Générale qui affirme, au travers des recompositions de l’organisation des soins, qu’elle agit pour de meilleurs soins à dispenser à ces mêmes affiliés venus présenter leurs préoccupations sanitaires du fait que « sur le terrain » les faits démentaient la théorie affichée.

 Pire encore, quand une minorité de personnes, parfois très âgées, a fait part de sa volonté d’accéder aux toilettes de la « maison » (des personnes ayant subi une opération au niveau d’un cancer des intestins, d’autres avec des poches urinaires…), nous avons tenté de « négocier » un rythme d’accès d’une personne à la fois ; les représentants de la CARMI que nous avions en face nous l’ont refusé ! Une belle preuve d’obéissance dépassant les limites de l’entendement ! (1) Indécent et ignoble !

 Que craignait-on ? Que ces « handicapés » par l’âge, la maladie, partent à l’assaut de la maison en brisant tout sur leur passage ? En particulier celles et ceux qui, présents, se déplaçaient à l’aide de 2 cannes ? Qui a imaginé qu’ils allaient s’affronter avec de jeunes et vigoureux vigiles ? (C’est grotesque) Si c’est cette crainte inconsidérée qui conduit à mettre en place un « cordon sanitaire », c’est aussi la preuve d’un mépris ; la presse locale datée du 14 avril 2011 nous précise l’intervention suivante de votre part : « Nous sommes sur le même bateau » !? Si c’est le cas, nous n’avons même pas pu accéder à la cale de votre bateau !

 Nous avons appris également que l’ordre a été donné aux personnels de s’enfermer dans leur bureau, de ne pas apparaître aux fenêtres donnant sur la rue ?? Si cela est conforme à la vérité c’est plutôt lamentable ; quant aux personnels ils nous ont malheureusement donné dans ce cas une piètre idée de leur courage, alors que les affiliés présents portaient leurs revendications visant à garantir leur emploi !! … « Nous sommes (pourtant) sur le même bateau ! » dites-vous ?!

 Durant toute notre vie nous avons lutté pour exister, tant au niveau social que sanitaire. Notre existence est riche en expérience humaine, nous avons appris à maîtriser nos nerfs, cependant, ce que nous venons de vivre attise notre colère ; ce que vous nous avez obligé à subir est inadmissible ; surtout parce qu’émanant d’une administration dont la fonction est d’organiser la protection sociale de ses affiliés. Par votre décision, vous avez placé les affiliés en danger, et vous avez amplifié le ressentiment.

 Non seulement la destruction du Régime Minier nous impose des conditions sanitaires et sociales très difficiles (nous comptabilisons des renoncements aux soins et quelques suicides), faut-il en rajouter par des dispositions grotesques et humiliantes.

 Que vous n’approuviez pas nos interventions est une chose, et c’est votre droit ; mais dans le cas présent « vous avez dépassé des limites inacceptables. »

 Nous souhaitons que vous preniez bien en compte le niveau du fait.

                                                                                     Pour la Fédération Régionale CGT,

                                                                                    MARKUN Jean

 (1)  Nous reproduisons ci-après « l’anecdote» (état d’esprit général ?) que nous rapporte un des présents :

« Les veuves et retraités des mines de fer ont été très choqués, vexés par les remarques stupides de M. B.......R (cadre de l’administration) qui a déclaré lors de la manifestation, après nous avoir refusé l’accès aux WC : ˝Après une manifestation (précédente), les locaux ont senti la pisse (sic) pendant 2 mois !˝ ». Jusque là ?!

Commentaire : cette personne a la mémoire courte, elle a oublié que grâce à l’existence des mineurs, à leur action dans le domaine sanitaire, ils lui ont assuré un emploi durant plusieurs dizaines d’années ! Ostracisme envers les personnes âgées du régime minier devenues des « Intouchables ? »  Ignoble !